[chapo]Après la chaleur du sud, le PM4IT Agile Tour remonte vers le nord et pose ses valises dans la capitale anglaise en plein Brexit.[/chapo]
Langage, accent et patois
Il est toujours difficile d’imaginer comment une formation peut être reçue, il faut la vivre pour le comprendre. Cela ne nous empêche pas pour autant de tourner et retourner ces quelques questions : former des britanniques dans leur langue natale, pendant trois jours, ne s’apparente-t-il pas à sauter d’un pont avec un élastique trop long ? L’accent british, aux subtilités pas toujours évidentes à saisir pour nous autres, continentaux, ne va-t-il pas constituer une croix bien lourde ? Comment allons-nous être accueillis ?
Par quarante-deux bras ! Pas moins de vingt-et-un participants défilent en effet au matin pour nous souhaiter la bienvenue avec flegme et courtoisie et nous écouter présenter PM4IT.
PM4IT est une lingua franca de construction de projet à l’échelle d’un groupe. L’objectif est que ce langage soit connu, partagé et parlé par tous. Cependant, dans le respect des spécificités locales, chacun pourra utiliser un vocabulaire qui lui est propre ou pimenter son expression d’un accent chamarré, pour peu que les principales règles syntaxiques et grammaticales soient respectées. Et dans PM4IT, ces règles s’appellent processus (le cycle de vie d’un projet), jalons et livrables. L’agilité dans ce contexte, c’est la télépathie.
La formation, une matière vivante
Du fait d’une organisation bien spécifique en termes de rôles, les premières questions sur l’impact du déploiement de PM4IT ne tardèrent pas. Nous n’avions pas nécessairement toutes les réponses. Dès lors, il nous a fallu mettre en place un dialogue constant avec le support en place à Paris.
Cette base arrière était sollicitée dans la journée et nous planifiions un échange téléphonique tôt le matin avec Paris pour collecter les réponses et les présenter ensuite au groupe en début de session. Cette démarche fit beaucoup pour l’acceptation de cette formation et instaurer définitivement un climat de confiance entre le groupe et nous.
Notre collaboratrice et binôme d’Ernst and Young pour la session de Londres : Dina Goffinet.
Nous avions été prévenus par les formateurs de Madrid de la densité de la deuxième journée. Pourtant, pour nous, c’est la première qui fut, et de loin, la plus chargée, ce qui illustre parfaitement le principe d’agilité selon lequel les enseignements d’une expérience sont propres à celle-ci. Il est inutile d’en tirer des généralités qui ne s’appliqueront qu’à elle.
Chaque session PM4IT est indéniablement différente l’une de l’autre alors même que le matériel présenté est rigoureusement identique. La différence provient donc des individus et des interactions entre ces individus, auxquels il nous incombe de nous adapter. C’est la conscience et l’intelligence du moment qui nous fournissent les moyens de proposer une expérience réussie, et pas forcément les enseignements des sessions précédentes.
Notre talent, en tant que formateur, réside dans cette acuité ; dans la capacité de ne pas refuser l’obstacle ; dans notre adaptation à l’environnement. Notre métier repose aujourd’hui sur ces capacités.
Face à l’intensité de la première journée, un city-break s’imposait. Nous sommes partis nous perdre dans les rues de Londres, ville que nous ne connaissions pas, avant de déboucher sur le London Eye et, un peu plus loin, sur Big Ben. Un fish and chips arrosé de bière – avec modération – fit office de dîner.
De l’adaptation au partage
La seconde journée fut propice à une autre adaptation culturelle : celle des pauses. En France ou en Espagne, notre audience attend que les formateurs indiquent ces moments. En Angleterre, on la prend spontanément quand on en ressent le besoin. Autre exemple : à déjeuner, la formation s’interrompt vers 12h45. Lorsque nous proposons de reprendre à 14h, on nous répond que quarante minutes suffisent… contrairement aux Français qui ritualiseraient presque la pause déjeuner, ici on mange vite et on enchaîne.
Tout au long de la formation, le public maintint un regard critique et challengea chacun des points qui était présenté. Chaque point était discuté pied à pied, mais lorsqu’il était validé, nous comprenions qu’il serait immédiatement adopté sur le terrain. Le travail d’appropriation se faisait en direct, sous nos yeux.
Au-delà du processus, il nous est apparu que l’agilité était perçue comme un accélérateur d’efficacité et son déploiement fortement attendu. L’alternance entre slideshow et Serious Games fut appréciée et à l’arrivée, chacun eut la possibilité d’être acteur de la formation. Lors des jeux, les participants vinrent présenter spontanément leurs réalisations, avec un peu de « show », maîtrisant l’art du pitch et du storytelling.
Enfin, les valeurs agiles eurent un effet unificateur. A la fin du troisième jour, les participants applaudirent et vinrent nous remercier. Cet acte spontané fut la plus agréable des récompenses face à l’énergie déployée, le travail effectué était réussi.
Retrouvez notre épisode précédent : Agilité autour du monde, Espagne et Portugal
Jonathan GASNER – Publié le 21 Avril 2017