[chapo]Après ses grands débuts à Paris, la caravane du PM4IT Agile Tour, la formation que nous assurons partout dans le monde pour le compte du groupe L’Oréal, pose ses valises à Madrid, quelques jours avant la Semana Santa et le bouillant derby entre Real et Atletico. Loin de cette agitation, nous découvrons le siège de l’Oréal Iberia et ses salles de formation près de l’aéroport.[/chapo]
La gamification: toujours un plaisir
Nous avons été particulièrement bien accueillis par ces dix-huit personnes venues pour moitié d’Espagne et pour l’autre partie du Portugal. Nous avions été prévenus que le niveau d’anglais de certains ne leur permettrait pas de suivre confortablement la formation. De ce fait, nous étions accompagnés d’une consultante bilingue d’EY, ce qui permit d’assurer la traduction dans les deux sens. La session de formation s’est déroulé de manière très fluide et cordiale. Le discours a été bien accueilli et nous avons chaleureusement sympathisé avec le groupe. L’agilité a soulevé un grand intérêt, autant pour son aspect disruptif que pour son aspect ludique et «fun».
Le planning poker a rencontré un franc succès, tout comme le jeu des pièces. Pour celui-ci, et sans aucune instruction de notre part à ce sujet, les gens se sont spontanément levés, élaborant des stratégies pour définir comment circuler de façon optimale autour de la table. Un type de situation qui ne se produit qu’en moyenne avec un groupe sur cinq en France, les participants préférant généralement rester assis. Ceux qui se lèvent font alors figures d’innovateurs. Rien de tout cela en Espagne. Les jeux d’innovation ont, dans un premier temps, surpris avant de séduire et d’inspirer à travers les principes d’Intelligence collective et de Management visuel. Rien de tel que quelques post-it pour trier et organiser ses idées. Ce simple constat a libéré le potentiel créatif de certains.
Chef de projet: un rôle en péril?
Des techniques simples et inspirantes ont été transférées à des équipes qui considèrent sérieusement l’idée de les appliquer. La seule condition à cela: que le principal frein puisse être levé. En effet, comme dans bon nombre d’organisations, la performance des projets est dégradée par la relation difficile qu’entretient l’IT avec ses métiers. Oscillant entre fatalisme et frustration, l’IT juge que la nomination de Product Owners est difficile à obtenir, condition pourtant sine qua non à une collaboration réussie. Vous pourrez trouver plus de détails sur ces raisons dans l’article Product Owners du 14 mars 2017. Il apparaît souhaitable de dispenser aux correspondants métier une formation dédiée aux processus PM4IT et aux principes de l’agilité. La place du chef de projet dans le dispositif agile a également été discutée. Ce rôle n’apparait pas dans Scrum, et il a poussé nos interlocuteurs à s’interroger sur leur avenir, ce qui parait compréhensible. Nous avons expliqué qu’une équipe auto-organisée n’impliquait pas la suppression du chef de projet. Celui-ci reste responsable de l’ingénierie du projet et du respect des éléments tels que la gouvernance, la gestion des risques ou le budget, sur lesquels Scrum, à dessein, ne s’exprime pas.
L’agilité: l’âge de raison
Les plus dogmatiques des agilistes auront beau maintenir que ces derniers sont inutiles, nous pensons au contraire que la valeur aujourd’hui se crée par une combinaison réfléchie et efficace entre l’ingénierie traditionnelle du chef de projet et les principes agiles. Tout cela en veillant bien à ne pas dégrader la valeur apportée par ces derniers.
Nous pensons que l’agilité entre dans son âge de raison et qu’il n’est plus utile d’opposer les traditionnels cycles en V et les principes agiles. Dans les grandes organisations, il ne s’agit plus de convaincre, mais d’organiser avec des démarches pragmatiques. Combiner l’ingénierie du chef de projet avec les principes agiles est une idée qui devient non seulement de mieux en mieux acceptée, mais qui donne aussi des constructions bien mieux maîtrisées que par le passé. Le principal enseignement que nous tirerons de cette experience est que nous avons donné aux gens l’envie d’essayer. Nous avons pu profiter de la capitale espagnole avec le sentiment du devoir accompli!
François RIVARD – Publié le 13 Avril 2017