Le 19 novembre dernier, notre CEO et fondateur François Rivard a été l’un des intervenants d’une table-ronde dédiée au thème « Migration vers SAP S/4HANA ».
Comment construire une stratégie de migration par la donnée tout en améliorant la connaissance et la qualité des données critiques ?
Voici son point de vue sur le sujet.
Question : Comment vous positionnez-vous par rapport à la migration des données ? Quelles sont selon vous ses problématiques et ses enjeux ?
François Rivard : Les données ont pris une place très importante, voire centrale dans les systèmes d’information et dans les entreprises aujourd’hui. On parle d’organisation data-centric. Le sujet de la migration SAP est-il un sujet de migration de données ?
Oui, parce qu’avec la donnée, on a un actif très stable du système d’information dans un contexte qui va devenir très mouvant. Des instances de R3 et S4, vont cohabiter, différents core, différentes géographies, différents modules. Les processus eux-mêmes seront optimisés, tout évolue et évoluera dès lors. Tout cela nécessite un peu de stabilité : la donnée, ou en tout cas, la description d’information de l’entreprise est l’un des points qui va permettre de fournir un point central dans la migration.
Est-ce que ça justifie d’intégrer la donnée dans nos paramètres ? Ce n’est pas un sujet nouveau puisque cela fait plus d’une dizaine d’années que les grandes entreprises ont commencé à structurer la description d’information notamment dans des outils de Master Data Management. Ces outils ne sont pas liés à SAP. Il ne faudrait pas que dans le contexte d’une migration, on soit tenté ou obligé de ramener ces solutions à l’intérieur de SAP et de faire une organisation data-centric SAP, ce qui n’a pas beaucoup de sens. L’entreprise doit pouvoir garder sa liberté de construire et de faire évoluer son système d’information comme elle l’entend. Et cela passe nécessairement par, d’un côté, des outils d’intégration mais aussi des outils de description, de gestion de la donnée et de la bonne gouvernance de cette donnée, pour garder un maximum de latitude dans la façon dont on construit précisément la migration.
Question : Quelle est votre vision concernant le choix d’intégration ?
François Rivard : Lorsque l’on regarde ce qui s’est passé depuis 20 ans dans un grand nombre de grandes entreprises, on peut constater l’arrivée des systèmes SAP avec la plupart du temps des systèmes d’intégration middleware agnostiques autour de cette mise en place. Ensuite, progressivement, et ce depuis approximativement 10 ou 15 ans, les plus grandes entreprises françaises passent par des stratégies d’intégration autour d’acteurs dont Tibco fait partie. Et Tibco aujourd’hui équipe une bonne partie de ces grands comptes du CAC 40.
Les stratégies d’intégration des entreprises se sont affinées, et ce vers des acteurs qui sont spécialisés dans ce type de problématique, de cas d’usage ou encore de technologies. Et le sujet de migration vers SAP S/4HANA n’est pas à mon sens susceptible de redistribuer les cartes au sens où la migration n’est finalement qu’une partie de la stratégie d’intégration. Ce n’est pas toute la stratégie d’intégration. Il faut intégrer la migration dans la stratégie d’intégration : ceci est déjà mis en place et doit être poursuivi. On pourrait ajouter l’ouverture de plus en plus grande des SI autour de l’API Management, et la nécessité d’ouvrir la stratégie d’intégration vers l’extérieur. Ainsi, l’ensemble des cas d’usage est beaucoup plus large finalement que la migration. Pour réussir, il faut être capable de pouvoir gérer tous ces enjeux en parallèle.
Question : Comment justement la migration SAP S/4HANA peut-elle impliquer un passage vers le cloud et comment peut-on prendre en compte cette évolution ?
François Rivard : Le cloud n’est pas une fin, c’est un moyen pour atteindre d’autres objectifs. Effectivement, cette migration peut se traduire ou va se traduire par le déplacement de systèmes aujourd’hui on-premise vers des systèmes cloud public, cloud privé et de facto du multi-cloud. Les entreprises d’aujourd’hui utilisent déjà des prestataires de cloud pour alimenter une partie de leur stratégie d’intégration. Cela décrit des environnements et des contextes particulièrement sophistiqués qu’il faut pouvoir continuer à faire vivre et évoluer. Dans ce contexte, le cloud finalement n’est presque qu’une modalité architecturale parmi d’autres. Et les entreprises vont chercher à maintenir un maximum de marge de manœuvre dans la façon dont elles vont pouvoir à la fois gérer leurs stratégies d’intégration et gérer ainsi cette migration, en s’appuyant sur la flexibilité et l’élasticité du Cloud.
Question : Un des risques lorsque l’on travaille sur la migration de données, c’est que l’on se concentre sur les aspects techniques et que l’on oublie les relations avec les métiers. Qu’en pensez-vous ?
François Rivard : Sur la partie purement intégration, aujourd’hui on s’aperçoit que les projets d’intégration sont quand même d’une manière générale menés en mode agile. En conséquence, on arrive à faire des itérations ou encore des livraisons qui ont un sens métier. Ainsi, on a travaillé en 2014 avec les équipes de Tibco pour mettre en place une méthode qui vise à délivrer des projets BPM et Middleware sur des principes d’agilité. Cela signifie que la dimension itérative et incrémentale de l’agile apporte une valeur ajoutée dans la construction de ce type de projets. Lorsque c’est un grand chantier, il est nécessaire de coordonner plusieurs streams en parallèle. Pour ce type de besoins, je pense à SAFe bien sûr, nous l’avons déjà fait et réussi. Et nous adaptons les méthodes au contexte du projet, pour tenir compte du principe de progressivité qu’on trouve dans une migration et qui contrebalance l’aspect incrémental.
Question : Quels sont selon vous les bénéfices immédiats et à venir d’une telle migration ?
François Rivard : Les bénéfices seront atteints si ce sujet de migration s’insère de manière plus large dans des projets de transformation globaux. Le sujet de la migration n’a pas vocation à devenir un sujet qui phagocyte tous les autres. Mais, bien mené, adossé aux autres enjeux de transformation, c’est au contraire un magnifique accélérateur d’une organisation data-centric et d’une stratégie d’APIfication. Avec une organisation où des « product owners » et des « process-owners » apportent une transversalité au bénéfice des utilisateurs, tout en s’appuyant sur une architecture domain-driven.
On connaît l’enjeu d’un chantier de migration. On sait qu’il peut mobiliser les forces vives de l’entreprise et les ramener vers lui. C’est un risque, certes, mais s’il est bien géré, avec une conduite du changement appropriée autour des processus métiers et tous ces sujets autour des données et des API par exemple, alors on aura probablement réussi une étape significative dans la digitalisation et la transformation des organisations. Au moins le principal bénéfice de ce type de projet, c’est d’être suffisamment impactant et significatif pour tirer toute l’organisation vers le haut.