L’intégration est un sujet qui existe depuis plus d’une vingtaine d’années, voire davantage. Il existe en réalité depuis que l’on a plusieurs applications dans un même système d’information. Et aujourd’hui, sa facette la plus visible est probablement l’API Management et l’économie des API. Néanmoins c’est un domaine très vaste qui nécessite une attention particulière sur ses enjeux et sur la compréhension des technologies qui le composent.
Définition du terme « intégration »
Qu’appelle-t-on « intégration » d’abord ? L’intégration d’entreprises est généralement définie comme la capacité à connecter et à combiner des gens, des processus, des systèmes et des technologies pour s’assurer que les bonnes personnes dans les bons processus ont la bonne information au bon moment, il y a donc une dimension « temps réel » mais pas uniquement. Il est nécessaire de définir la stratégie ou la politique de circulation de l’information entre les systèmes, entre les applications du système d’information, et au-delà, avec les partenaires, pour arriver à animer « un système nerveux d’entreprise » et la diffusion de l’information au bon rythme et au bon moment.
Ce domaine s’est construit dès les années 1960s ou 1970s avec le transfert de fichiers. Ce n’est pas une technologie forcément très moderne, et elle a évolué au fil du temps pour arriver aujourd’hui aux technologies d’API Management et aux technologies d’intégration Platform-as-a-Service que l’on va trouver plus spécifiquement dans le Cloud. Entre les deux, plusieurs générations de technologies se sont succédé et ceci a abouti à la création d’un domaine un peu particulier puisque dans notre secteur, les technologies s’annulent, se remplacent, se substituent les unes aux autres.
Au fil du temps, certaines technologies deviennent obsolètes et tombent en désuétude et sont remplacées par de nouvelles technologies plus performantes, plus graphiques et qui nécessitent de coder moins. Dans le domaine de l’intégration, les choses sont un peu différentes, parce qu’en réalité chaque nouvelle technologie est venue s’ajouter aux autres, remplacer les limites des technologies précédentes, sans forcément toujours fournir des réponses complètes à ce que ces technologies proposaient. Et au fil du temps, le sujet de l’intégration a fini par aboutir à un empilement de technologies middleware qui nous amène parfois, nous en tant que cabinet de conseil, à auditer des systèmes middleware chez nos clients.
Enjeux de l’intégration
Au-delà des sujets liés à de nouveaux business modèles et à de nouvelles sources de revenus, il existe encore aujourd’hui des enjeux historiques du middleware tels que la cohérence de l’information entre les différentes applications et entre les différentes sources de données de l’entreprise. Il faut instaurer la mise en place de référentiels de données qui doivent être synchronisés avec les applications qui vont consommer ces données. On voit que ces technologies aujourd’hui, avec la technologie de streaming notamment, avec le déploiement des data-lakes, concernent des types de données de plus en plus variés et de moins en moins structurés. Et il est nécessaire de savoir faire vivre encore une fois cette information à l’échelle de toute une entreprise pour être en mesure de pouvoir prendre les meilleures décisions au meilleur moment.
On constate chaque année un coût croissant consacré à la gestion de l’intégration, que ce soit pour mettre en place de nouvelles technologies permettant d’optimiser les échanges d’informations à l’échelle de l’entreprise, que ce soit pour maintenir les technologies existantes ou savoir les faire évoluer. On constate également le fait que construire de nouveaux systèmes ou de nouvelles applications aujourd’hui ne peut pas se faire sans tenir compte de ce qui existe déjà dans le système d’information. Créer une nouvelle application ou un nouveau système se fait obligatoirement en intégrant des API, en intégrant des données qui sont déjà présentes dans le SI et en dehors du système d’information. On estime que la mise en place de nouvelles applications d’entreprise ou de grands systèmes d’entreprise se fera en budget temps 50 % du coût de l’implémentation au travers de l’intégration.
Ainsi, 50% du budget d’un grand programme sera dédié à la création des nouvelles fonctionnalités, et à l’optimisation des processus existants. 50% seront dédiés à s’intégrer avec le reste de ce qui existe déjà dans et en dehors de l’entreprise. Cela change complètement la façon dont on conçoit un système et cela met complètement au centre des réflexions, la façon dont on va être capable d’accéder à ces informations, et d’optimiser leur utilisation. C’est valable pour la création de nos systèmes et également valable pour des cas comme la migration de systèmes progiciel.
L’exemple plus évident aujourd’hui c’est le déploiement de SAP S/4HANA. SAP a annoncé que d’ici à 2027, le système actuel R3 ne serait plus supporté. Les entreprises ont donc six ans pour préparer ce chantier pharaonique qu’est la migration de R3 vers SAP S/4HANA. Et cela se fait nécessairement en permettant la cohabitation temporaire de ces deux systèmes, cohabitation qui sera rendue possible par les technologies d’intégration qui vont justement permettre de gérer des bascules progressives en synchronisant constamment les deux progiciels de manière à permettre un commissionnement progressif de SAP S/4HANA et un décommissionnement progressif de R3.
Ajoutons à cela quelques statistiques comme le fait que plus de 66% des nouveaux flux d’intégration se font en dehors du firewall, nécessitant justement toute une politique orientée autour des API. 85% des entreprises se lancent dans des projets d’APIsation et plus de 70 % des échanges B2B sont aujourd’hui faits au travers des API.
Vous avez compris, il est nécessaire de mettre en place une stratégie d’intégration bâtie sur des plateformes d’intégration dédiées, capables de faire cohabiter l’ensemble des technologies, ayant présidé depuis 20-30 ans pour activer et optimiser ces flux d’informations entre les différents systèmes et entre les différents acteurs de l’entreprise. Le sujet d’intégration nécessite la mise en place d’une stratégie afin d’opérer cette stratégie dans la durée au travers de schémas directeurs dédiés, avec d’un côté la rationalisation et l’optimisation des technologies existantes, et de l’autre la création de nouvelles plateformes qui permettent de s’intégrer à l’écosystème digital de manière beaucoup plus large.
C’est notre souhait au travers de ce podcast de vous faire découvrir non seulement les enjeux mais également les technologies, les cas d’usage et tout le contenu foisonnant de ce domaine que nous allons décrire en détail dès la deuxième édition. Nous rentrerons un petit peu plus dans les détails lors de notre prochain rendez-vous.