[chapo]Peut-on travailler plus efficacement en Scrum ? C’est la question que se sont posés Dan Rawsthorne et Doug Shimp, deux ingénieurs en informatique qui sont devenus passionnés de l’agilité, l’un faisant du coaching et donnant des conférences, l’autre étant passé par plusieurs phases : testeur, analyste, manager et enfin coach. C’est à force de travailler avec les équipes produit pour les aider à implémenter Scrum qu’ils se sont rendus compte que chaque mise en place de la méthode est différente d’une organisation à une autre. Par exemple, une entité aura besoin d’un Product Owner tourné vers l’équipe alors qu’une autre voudra un Product Owner plus stratégique. C’est de là qu’est né le Scrum 3.0.[/chapo]
Commençons d’abord par (ré-)expliquer ce qu’est le cadre méthodologique Scrum.
La méthode Scrum est une méthode agile qui décrit comment une équipe produit arrive à fournir un maximum de valeur aux parties prenantes. Dans les grandes lignes, le cadre Scrum est très simple à comprendre. Il préconise d’avoir :
• Une équipe dédiée, auto-organisée et multidisciplinaire ;
• Un Product Owner, qui est la seule source des exigences que devra fournir le produit afin de maximiser la valeur du produit. Il est ainsi la voix du client ;
• Un Scrum Master, aidant l’équipe dans la mise en place du cadre. Il est aussi garant de la méthodologie Scrum ; et
• De fréquents et multiples retours des utilisateurs finaux dû au fait que Scrum préconise des cycles courts.
Malgré cette description, beaucoup d’ambiguïtés persistent c’est pourquoi Scrum ne cesse d’évoluer, donnant lieu aujourd’hui à la version 3.0.
Quelles sont donc les caractéristiques et les différences entre Scrum 1.0, 2.0 et 3.0 ?
Scrum 1.0
L’équipe va construire un produit et le Product Owner, qui est en dehors de l’équipe Scrum, aux côtés des parties prenantes, va alors prioriser les différentes fonctionnalités du produit. Il va ensuite travailler avec l’équipe de développement sur la définition du Sprint Backlog qui lui va rester fixe durant l’itération à venir. Néanmoins, le Product Owner reste présent auprès de l’équipe pour qu’elle ait une meilleure compréhension du besoin et des fonctionnalités à développer.
Scrum 2.0
L’équipe va construire un produit et le rendre plus performant une fois qu’il a été développé. Cela implique donc que l’équipe peut être interrompue fréquemment pour résoudre des bugs ou faire des tests. Le Product Owner est alors aux côtés de l’équipe de développement pour prendre certaines décisions : maintenir telle fonctionnalité ou en construire de nouvelles. Vis-à-vis de cela, le Sprint Backlog peut être modulable. L’équipe s’engage alors à atteindre un objectif commun plutôt que de finir la totalité du Sprint Backlog.
Scrum 3.0
Le Scrum 3.0 prend en compte les contraintes des deux types de Scrum (1.0 et 2.0). En effet, Dan Rawsthorne et Doug Shimp se sont rendus compte que dans plusieurs organisations, le Scrum 1.0 et le Scrum 2.0 sont adaptés en ajoutant un PPO (Proxy Product Owner) qui vient en renfort du PO tout en étant plus proche de l’équipe de développement. C’est pourquoi dans Scrum 3.0, le rôle du Product Owner est divisé en deux, l’un assure la priorisation du Product Backlog avec les parties prenantes (priorisation stratégique) et l’autre va travailler avec l’équipe Scrum pour prioriser le travail à faire (priorisation tactique). Dans différentes organisations, nous pouvons retrouver ses rôles sous forme de : Business Owner, Team Captain, PO Proxy, Chief Product Owner et plein d’autre. Nous verrons dans un second article plus en détail ces différents rôles.
En plus d’avoir deux nouveaux types de Product Owner, Scrum 3.0 permet d’adapter les pratiques connues du Scrum 1.0 et 2.0 aux organisations actuelles. En effet, Dan Rawsthorne et Doug Shimp se sont rendus compte que les organisations utilisaient déjà des variantes du Scrum. C’est pourquoi le Scrum 3.0 n’est pas la réinvention du cadre Scrum mais l’adaptation de Scrum aux organisations d’aujourd’hui. Il permet de faire comprendre aux personnes comment utiliser Scrum au sein d’une entreprise.
Notre deuxième article sur le sujet : Scrum 3.0 – L’organisation.