Petit topo sur la délégation : ce gros mot mi-répulsif, mi-convoité

Petit topo sur la délégation : ce gros mot mi-répulsif, mi-convoité

Auteur : Ketsia Tolassy - Date de publication : juillet 3, 2017

[chapo]Pourtant considérée comme essentielle par les managers, la délégation est souvent relayée au dernier plan des priorités, faite dans l’urgence et sans méthode. Elle est à la fois convoitée pour ses bienfaits et génère un stress et des peurs pour les managers et les collaborateurs. Dans ce premier article, nous envoyons valser les préjugés.[/chapo]

Dans l’arène des idées préconçues, la délégation est loin d’avoir été épargnée. Elle peut être mal perçue et mal vécue, par les managers et leurs collaborateurs, mais elle est vantée de toutes parts pour ses vertus mobilisatrices. Selon la manière dont un manager délègue, cela peut motiver les collaborateurs et favoriser la confiance et l’innovation. Mais si le manager ne délègue jamais, ceci peut aussi démotiver et déresponsabiliser les équipes. Une chose est sure, l’absence de délégation, a pour effet de générer de la surcharge de travail et du stress. Dans ce contexte, on entend souvent ces 5 excuses :

1ère excuse – Je vais perdre du pouvoir 

 « Si je suis le seul à pouvoir faire cette tâche, je serai donc indispensable pour mon entreprise »

  • Déléguer n’est pas synonyme d’indépendance totale du collaborateur ou, au contraire, de flicage du délégataire. Il faut trouver le juste milieu.
  • La polyvalence des acteurs dans les prises de décisions est génératrice de succès. Multiplier les points de vue permet une analyse plus poussée de la problématique.
  • Un manager capable de déléguer sera toujours plus valorisé et convoité qu’un manager qui fait plein de choses.C’est le principe de 1+1 = 3

2ème excuse – C’est une contrainte, une punition

« Mais pourquoi c’est à moi qu’il demande ça ? », « Je n’ai pas les compétences pour le faire, ça me stresse ».

La délégation peut être vue comme une charge de travail supplémentaire sans valeur ajoutée ou pire une sanction. Une personne qui accepte que vous lui déléguiez une tâche n’est pas un exécutant.

  • Déléguer ce n’est pas donner des instructions et des ordres, sans donner de pouvoir de décision.
  • Déléguer c’est donner une marge de manœuvre pour faire place à la créativité de votre collaborateur.
  • Déléguer c’est reconnaître la valeur d’un collaborateur.

3ème excuse – Je n’ai pas compris ce qu’il voulait

« C’est générateur de conflits », « On n’arrive pas à communiquer, à se comprendre », « Si je lui délègue une tâche, je ne pourrai plus rien lui dire et il n’en fera qu’à sa tête »

  • Déléguer ce n’est pas se débarrasser de ses tâches parce qu’on en a pas l’envie ou le temps.
  • Déléguer ce n’est pas confier la réalisation de la tâche de A à Z en s’en lavant les mains, sans apporter de feedbacks ou faire des reportings.
  • Déléguer ce n’est pas confier une tâche à l’aveugle sans s’assurer que les compétences nécessaires soient maîtrisées et les outils disponibles.

4ème excuse – Je n’ai pas le temps 

« Cela demande beaucoup d’encadrement »

  • Déléguer c’est perdre du temps pour en gagner. C’est savoir donner un maximum d’énergie en un temps très court pour qu’on vous en consomme le moins possible par la suite.
  • Déléguer permet de développer les compétences de vos collaborateurs; voire de révéler leur potentiel. Peut-être que votre commercial est également un très bon designer.

5ème excuse – J’ai peur de l’échec 

« J’hésite toujours à déléguer parce que je serai le/la seul(e) responsable en cas d’échec » « Je le ferai mieux moi-même »

  • Déléguer ce n’est pas garder la responsabilité de la tâche pour soi.
  • Le travail sera peut-être mieux fait par votre collaborateur.
  • Déléguer permet de lever le nez du guidon pour y voir plus clair. En déléguant vous prendrez du recul sur votre tâche et trouverez peut-être votre solution plus rapidement. Déléguer développe l’innovation grâce à la diversité des intervenants.

Déléguer est une preuve de confiance, un témoignage d’estime et un facteur de motivation. On parle de reconnaissance et de responsabilisation. David Marquet auteur du livre « Turn the Ship Around! », considère que la tâche doit être déléguée au détenteur de l’information et qu’elle repose sur la compétence et la transparence. C’est celui qui sait qui fait.

Dans notre prochain article, nous vous présenterons les 7 étapes pour déléguer avec classe et un outil, le delegation poker, supportant cette approche de façon ludique.

Ketsia Tolassy – Publié le 03 Juillet 2017