Voulons-nous vraiment innover ?

Voulons-nous vraiment innover ?

Auteur : François Rivard - Date de publication : janvier 29, 2018

[chapo]Nous avons assisté jeudi 25 janvier à une table ronde de l’Electronic Business Group (EBG) dédiées à la transformation digitale et intitulée « Comment rester leader dans un monde digital ? ». Le sujet a fait salle comble et, comme on pouvait s’y attendre, a permis de mettre en lumière toutes les psychoses qui agitent actuellement l’économie française sur les sujets d’innovation.[/chapo]

La discussion a débuté par ce que nous pourrions qualifier d’énorme contresens : « Pour rester leader dans un monde digital, la priorité est maintenant à donner à l’humain. La technologie est derrière nous ». Pour ceux qui, dans la salle, revenaient du CES de Vegas, ou ceux qui, comme nous, rentraient d’Asie, cette déclaration donnait un ton particulier à la matinée.

Le facteur humain est devenu essentiel dans la transformation digitale et, chez Astrakhan, nous avons mis au point un programme de formation long aux nouveaux modes de management afin d’aider les entreprises à évoluer avec un mindset ouvert, collaboratif, et des dispositifs favorisant l’innovation, y compris l’innovation technologique.

Clamer que la technologie n’est plus une priorité, c’est dérouler un discours rassurant face à un parterre en plein doute face à la redistribution actuelle des cartes de l’économie mondiale, mais totalement faux : en matière d’innovation, il est plus que jamais nécessaire de s’activer sur le plan technologique si nous souhaitons continuer à exister. L’un des participants à la table ronde de l’EBG, membre d’un organisme d’Etat, a même affirmé : « Tout n’est peut-être pas parfait en France, mais si on regarde 5 ou 10 ans en arrière, il y a eu des progrès ». Peut-être, mais nous ne sommes pas seuls au monde.

A Singapour, les programmes d’innovation, massivement subventionnés par l’Etat dans le cadre du plan, laissent une part importante à l’IoT, l’Intelligence Artificielle, la blockchain, la Data… entre autres sujets relatifs au monde digital. Les questions de gouvernance, d’organisation, de management font plus qu’affleurer : elles sont également traitées par des agences gouvernementales. La place de l’humain, et de l’éthique en conséquence, ne se discutent pas, mais celle de la technologie reste plus que jamais d’actualité. Il en est de même en Chine, une autre économie planifiée.

A l’opposé, les participants soulignent que la France, même si elle constituait le deuxième contingent en termes de start-ups présentes au CES, affichait un certain manque d’homogénéité et d’alignement confinant au désordre. Le charme du village gaulois peut faire sourire, mais d’où vient cette incapacité à avancer groupés ? Est-ce la crainte d’être dépassés qui crée, comme un mauvais antidote, ces messages étonnants sur le place de la technologie ? On se perd en conjectures, mais il reste une certitude : nous faisons fausse route.

Le monde digital est un monde dans lequel la technologie et l’humain vont faire davantage que collaborer. Tenter de qualifier la prédominance de l’un sur l’autre, c’est ne pas comprendre la matière digitale, son essence et sa nature. L’innovation et la valeur proviendront d’un équilibre admis et assumé entre la technologie et l’humain.